Nul besoin de faire dans le détail : 2020 aura été sans contestation possible, une bien belle année de merde, et pour tout le monde (à part pour Jeff Bezos). A l’aube de l’année 2021, on a tous qu’une seule envie, regarder vers l’avant, sans se retourner, avec l’espoir de nouveaux horizons plus clairs et plus colorés. Tout ce qu’il suffit de faire en ce jeudi 31 décembre, ce sera d’attendre que cette satanée horloge digitale dans la cuisine tourne enfin à 00:00, la remise à zéro, le redémarrage… Seulement voilà, le monde dans lequel nous vivons n’est pas un ordinateur, c’est une voiture aux freins bouffés qui dévale une petite route de montagne. Vous pouvez couper le contact et redémarrer le moteur, vous continuerez à descendre la colline dangereusement. Si vous pensez que le coronavirus soit la pire chose qui puisse arriver au cours du siècle présent, vous ne pouvez pas vous tromper davantage : ce n’est certainement qu’un début. En cette année merveilleuse, les petits entrepreneurs et les commerces ont été durement éprouvés au profit des grandes enseignes qui leur ont aspiré leur clientèle. Que dire des restaurateurs et professions similaires ayant investi dans une affaire en ce début d’année. On s’est rendu compte, pendant qu’on confinait la majeure partie du pays, que les personnes les plus essentielles et qui étaient restées en première ligne, comme les caissiers-caissières mais bien d’autres avec eux, étaient finalement celles qu’on payait le moins. On a aussi bien fait savoir au monde de la culture qu’il n’était pas essentiel, entre un morceau hommage à Johnny et la rediffusion d’un sketch de Guy Bedos. Les hôpitaux ? Si des mesures comme le confinement ont été décidées en premier lieu, ce n’était pas pour empêcher la maladie de se propager, mais bien pour soulager, éviter l’engorgement dans les services critiques tel que la réanimation. Pourquoi ? Parce que l’hôpital public manque de lits, il manque de personnel soignant, il a manqué du matériel le plus essentiel qui soit pendant des mois, en attendant que d’autres pays le lui fournissent, en l’absence d’unité de production locale… L’hôpital public manque de tout, sauf de mérite.

Voyez, le problème, c’est que le coronavirus n’a pas cassé l’hôpital public, il ne nous a pas rendus dépendants à la mondialisation, il n’a pas creusé les inégalités sociales, il n’a pas mis des gens sur la paille, il n’a pas violenté des personnes vulnérables. Le système l’a fait. Le coronavirus, lui, n’a fait que tirer le tapis qui masquait les fissures d’un plancher qui peine de plus en plus à supporter le poids des années d’une politique austère et destructrice. Car même dans l’éventualité incertaine où ce virus disparaîtrait miraculeusement, cela ne règlerait aucunement le fond du problème, à savoir, notre incapacité totale à faire face à la Crise. Ainsi, criant « Victoire ! » à la disparition de ce grand méchant mal, nous ne remettrions rien en question, alors même que des éléments de réponse effarants nous auraient en permanence sauté au visage pendant des mois, tel un chien enragé essayant de nous mordre, et nous continuerions notre train de vie, plus heureux, soulagés, et confiants que jamais, noyés dans un déni de plomb, jusqu’à l’arrivée d’une catastrophe, plus grande encore, qui finirait de faire céder les fondations de nos convictions illusoires les plus profondes, et que la paresse nous avait interdit de reconstruire toutes ces années durant.

Bonne année 2021.

2 réflexions sur “Bonne année ?

  1. Yes ça faisait longtemps ! Bien contente de te lire de nouveau en ce début d’année. La paresse qui nous fige ou bien la peur du changement?

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